jeudi 27 février 2014

Stéphane Inkel, Le paradoxe de l'écrivain. Entretien avec Hervé Bouchard, Taillon, La Peuplade, 2008, 121 p.

Au sujet du travail de Bouchard sur l'oralité, p. 80:

C'est une forme d'oralité qui est évidemment factice. C'est une oralité qui est très écrite, mais qui se dit très très bien. Je ne me réclame pas d'une oralité qui veut reproduire le parler, la conversation de la rue. En général, je n'aime pas lire les textes en joual, par exemple. Parce que les textes en joual nous obligent à une médiatisation supplémentaire. On est obligé de traduire les mots que l'on voit pour les entendre comme on les aurait entendus s'ils n'avaient pas été écrits. [...] C'est une oralité qui ne veut pas reproduire un parler, mais le flot spontané de la parole. Une parole qui est d'une franchise crue. [...] Dans les textes que je fais, on a l'impression qu'on dit des choses très fort alors qu'on devrait les chuchoter. C'est cette oralité-là qui m'intéresse: une oralité qui est théâtrale. Au théâtre, même dans un théâtre qui serait très réaliste, le comédien est obligé de parler fort. Il n'y a rien de moins naturel que de voir des comédiens au théâtre. C'est un peu une oralité de ce type que je cherche, c'est-à-dire quelque chose qui est manifestement dit, mais que l'on n'entend jamais. Ce n'est pas du tout du même ordre que l'oralité du conte, par exemple.

[...]

Ce n'est pas une oralité dont l'écriture serait une transcription. C'est une oralité littéraire, ou écrite; c'est une écriture qui parle. C'est une écriture qui produit de la salive, qui fait appel à la bouche.

*L'oralité ostentatoire (?) d'Hervé Bouchard... 

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