lundi 23 septembre 2013

FOUCAULT, Michel. (1966) Les Mots et les Choses. Paris: Gallimard.

p. 62: La modernité correspond notamment, selon Foucault, au moment où « le langage […] rompt sa vieille parenté avec les choses pour entrer dans cette souveraineté solitaire d’où il ne réapparaîtra, en son être abrupt, que devenu littéraire ».

PORTELLI, Alessandro. (1994) The Text and the Voice. New York : Columbia University Press.

p. 31: Orality gives voice to democracy but also secretly undermines national institutions by feeding memories, rituals, aggregations, and passions, which escape the controls and certainties of written reason and law.

mercredi 18 septembre 2013

HIGHMORE, Ben, Everyday Life and Cultural Theory, New York, Routledge, 2002, 200 p.

p. 12: [I]t is the street rather than the home that is seen as the privileged sphere of everyday life.

p. 17: [W]hile it is common practice to describe everyday life as a scene of relentless tedium, this tradition has often tried to register the everyday as the marvellous and the extraordinary (oar atleast to combine dialectically the everyday as both extraordinary and tedious). Similarly. if it is more usual to associate the everyday with the self-evident and the taken-for-granted, this tradition has stressed its opacity and the difficulty of adequately attending to it. This has resulted in a concern with representational forms (montage, for instance) that can seem the very opposite of what might be thought of as an 'everyday' style of presentation. Another example of a general recalcitrance towards more traditional meanings of 'the everyday' is the refusal to reduce everyday life to an arena for the reproduction of dominant social relations. While this is an important focus in some of the theories that I discuss (Lefebvre, for instance), much more stress is placed on the everyday as a site of resistance, revolution and transformation.

*Highmore souligne la nature souvent paradoxale des approches sur le quotidien: celles-ci reposent parfois sur des techniques ou des principes de reproduction ou de représentation qui se situent à l'opposé de ce qui définit le quotidien, le rendent même parfois étranger ou figé, le dénaturent.

DUMONT, Fernand, Le lieu de l'homme, Montréal, Bibliothèque québécoise, 2005 [1968], 274 p.

p. 27: S'il est, en définitive, quelque caractéristique essentielle de la culture actuelle, elle semble résider dans le sentiment d'un déchirement irréductible entre le monde du sens et celui des formes concrètes de l'existence. Dans l'espace dessiné par cette distance gravitent tout aussi bien les stratégies des organisations que les intentions de l'art et de la littérature.

p. 61: Il y a donc deux langages parce que la conscience est coincée entre deux mondes. / Un monde de la cohésion première où nous posons avec assurance les regards et actes de tous les jours, où les choses sont nommées, où les symboles familiers tissent autour de nous nos multiples appartenances. Pour tout dire, un monde du "sens commun", et selon la double acception du terme: comme vérité certaine et comme vérité unanime. Il est un autre monde, celui du changement, du possible, de l'incertitude, de l'angoisse: beaucoup de nos actions et de nos paroles s'évertuent à les exprimer ou à les parer; elles cherchent à restaurer le sens et, pour ce faire, à rétablir sans cesse la continuité.

p. 65: La culture seconde se dégage d'abord de la culture commune par des procédés que nous engloberons dans le concept de stylisation. Par rapport à la perception et à l'action spontanées, le livre, le poème, le tableau représentent évidemment des décrochages et des reconstructions. [...]

p. 73: La culture première est un donné. Les hommes s'y meuvent dans la familiarité des significations, des modèles et des idéaux convenus: des schémas d'actions, des coutumes, tout un réseau par où l'on se reconnaît spontanément dans le monde comme dans sa maison. Fermée habituellement sur elle-même, et m'enfermant avec elle pour me conférer le sentiment de ma consistance, la culture s'offre par ailleurs à une reprise en charge: non pas seulement par l'intermédiaire de la conscience personnelle, mais dans sa structure même.

VILLEMAIRE, Yolande, La vie en prose, Montréal, Éditions Les herbes rouges, 1980, 261 p.

p. 34: Vers trois heures et demie, elle prend le IND jusqu'à West Fourth Street. Des graffiti transparaissent sous les couches de peinture fraîche. New York rature tous les noms: Dee Dee, Sexy Sun, Uncle Rican, Star III retournent lentement à l'anonymat. C'est ça qu'il faudrait comme environnement! Tout à fait ça! Des graffiti phosphorescents et quelques-uns hauts de plusieurs pieds...
"Bronx style is bubble letters, and Brooklyn style is script with lots of flourishes and arrows. It's a style all by itself. Braodway style, these long slim letters, was brought here from Philadelphia by a guy named Topcat. Queens style is very difficult, very hard to read."
L'article du Village Voice s'appuie sur les déclarations d'un certain AMRL, connu aussi sous le nom de BAMA, un de ces scripteurs clandestins. Ian pourrait essayer de le rencontrer pour se documenter d'ici la prochaine réunion de production...
Pendant que la mégapole efface les traces de ces explosions nominales, les faire ressurgir dans un théâtre de West Fourth Street. L'affirmation souterraine et souveraine de ces saboteurs de la grisaille récusée par l'hôtel de ville et récupérée par le théâtre underground. Le cri du coeur de quelques délinquants new-yorkais figé dans sa représentation... Décidément, il faudra trouver autre chose, Lotte.

*Le graffiti incarne - paradoxalement, puisqu'on dit bien, après tout, "graffiti writing" - une vision de l'oralité comme "affirmation souterraine et souveraine de [...] saboteurs de la grisaille récusée par l'hôtel de ville", sorte de bête sauvage mise en cage par l'idée de représentation - de "récupération" - dans le théâtre, dans l'écriture.

VILLEMAIRE, Yolande, La vie en prose, Montréal, Éditions Les herbes rouges, 1980, 261 p.

p. 8: Alice dit écoute Nane, ça se raconte pas une voix, faut absolument que t'ailles voir le film.

SCHLANGER, Judith, La Mémoire des oeuvres, Paris, Nathan, 1992, p. 80.

Citée dans Laurent Mailhot, La littérature québécoise depuis ses origines, Montréal, Typo, 1997, p. 16:

Selon Schlanger, en littérature canadienne-française, "plus d'oeuvres ont été écrites en vu de fonder et de baliser une mémoire future que pour toute autre raison".

BUREAU, Luc, Entre l'Éden et l'Utopie. 1984, Éditions Québec Amérique, Montréal, 235 p.

p. 164: Soutenir que la société canadienne-française du XIXe siècle se définit essentiellement par sa vocation au sol, ou encore sa religiosité profonde, ou encore ses préoccupation de survivance, ou encore son sédentarisme casanier, ou encore et à l'inverse, sa mobilité continentale, c'est prétendre qu'on peut anticiper l'image exacte d'un puzzle en ne manipulant qu'une seule de ses pièces.

Diakité, Boubakary, « Entre désécriture et oralité feinte. En attendant le vote des bêtes sauvages ou la rhétorique de l’instabilité » dans Nouvelles études francophones, Vol. 25, no 2, Automne 2010, p. 55-71.

Notion de désécriture - p. 62 : Reconnaissant que l'histoire n'est ni spontanée, ni statique, l'écrivain qui pratique la désécriture admet que les cultures qui traversent cette histoire ne peuvent être représentées par des modèles traditionnels immuables. De ses écrits, le romancier s'efforce de maîtriser le déséquilibre et l'instabilité générés simultanément par la conscience et la remise en question des modèles qui lui préexistent. Refusant de favoriser artificiellement l'une ou l'autre des composantes de son identité, un écrivain qui pratique la désécriture intègre ses propres conflits identitaires comme une stratégie de composition.