dimanche 31 mai 2009

SCHOLES, Robert

p. 189 :

Les Américains du Nord sont obsédés de leur propre histoire - peut-être parce qu'ils vivent dans un pays qui était lui-même une fiction fabuleuse qui germa dans l'esprit d'hommes tels que Colomb, Hudson et John Smith avant qu'ils ne le découvrent et ne le fondent, et dans l'esprit d'autres hommes tels que Paine, Jefferson et Franklin qui inventèrent ses structures politiques et sociales à partir de leurs idéaux et de leurs espoirs, puis entreprirent, en tant qu'acteurs sur la scène historique, de forger une nation réelle sur la base de leur rêves fabuleux.

En Amérique, le mythe a toujours été plus fort que la réalité, le romantisme plus fort que le réalisme. Ce que Barth, Pynchon et Coover ont tenté de nous donner dans leurs livres n'est rien d'autre que le genre de réalisme que cette culture mérite. [... Leurs livres] nous sont offerts en rémission d'une faute : avoir créé une fable et fait semblant de croire qu'elle était vraie.

(cité dans CHÉNETIER, Marc, Au-delà du soupçon, 1989)

CHASSAY, Jean-François

p. 9 :

On a peu traité de la littérature américaine en français, dans la perspective qui m'intéresse ici. Il y a à cet égard plusieurs cliché à renverser. Par exemple que, surtout dans sa phase récente, c'est une littérature au mieux "agréable". De Stephen King à John Irving, de Michael Crichton à Gore Vidal, du roman d'horreur au roman historique en passant par le polar, elle serait intellectuellement pauvre et se cantonnerait dans des genres stylistiquement codés, aux frontières claires. Curieusement, l'affirmation selon laquelle la culture américaine serait superficielle vient souvent de ceux-là mêmes qui se piquent de la défendre. On évoque alors son primitivisme, le symbolisme ingénu des grands espaces, la simplicité du vécu qu'elle suit de près. [...] La défense du rock et de la télé devient, chez des critiques hargneux en mal de reconnaissance, une défense des États-Unis contre les intellectuels. Comme si, d'ailleurs, les intellectuels n'écoutaient pas de rock et ne regardaient pas la télé. L'opposition entre littérature française et littérature étasunienne, culture européenne et culture américaine, fait partie de ces manichéismes auxquels on a parfois du mal à s'arracher.

(Fils, lignes, réseaux : Essai sur la littérature américaine, 1999)

COOVER, Robert

p. 78 :

[T]o this day young authors sally forth in fiction like majestic - indeed, divinely ordained! - picaros to discover, again and again, their manhood.

(Pricksongs & Descants, 1975)

ARENDT, Hannah

p. 20 :

[L]e passé, dont la portée s’étend jusqu’à l’origine, ne tire pas en arrière mais pousse en avant, et c’est, contrairement à ce que l’on attendrait, le futur qui nous repousse dans le passé. Du point de vue de l’homme, qui vit toujours dans l’intervalle entre le passé et le futur, le temps n’est pas un continuum, un flux ininterrompu; il est brisé au milieu, au point où « il » se tient; et « son » lieu n’est pas le présent tel que nous le comprenons habituellement mais plutôt une brèche dans le temps que « son » combat, « sa » résistance au passé et au futur fait exister.

(La crise de la culture, 1972; cité dans CHASSAY, Jean-François, Dérives de la fin : Science, corps & villes, 2008, p. 57)

vendredi 29 mai 2009

CHASSAY, Jean-François

p. 77 :

En réalité, c'est la radicale nouveauté [du téléphone] comme mode de communication qui fait problème dans le contexte romanesque américain de la fin du siècle. Les présupposés de la "réaction réaliste", dont le développement commence dans le courant des années soixante et étend ses ramifications jusqu'aux publications des "muckrackers" (Upton Sinclair, D. G. Philips) au début du siècle suivant, intégrant un naturalisme à l'américaine, rendent malaisée la présence d'un moyen de transmission de l'information qui ne laisse pas de traces. La volonté de dépeindre, de décrire le plus précisément possible la société américaine, que ce soit pour en faire la critique ou l'apologie, s'oppose à l'immatérialité de la transmission téléphonique.

(Fils, lignes, réseaux. Essai sur la littérature américaine, 1999)

McCARTHY, Cormac

p. 163 :

Maybe we could give him something to eat.
He stood looking off down the road. Damn, he whispered. He looked down at the old man. Perhaps he'd turn into a god and they to trees. All right, he said.

(The Roads, 2006)

jeudi 28 mai 2009

McCARTHY, Cormac

p. 86 :

At a crossroads they sat in the dusk and he spread out the pieces of the map in the road and studied them. He put his finger down. This is us, he said. Right there. The boy wouldn't look. He sat studying the twisted matrix of routes in red and black with his finger at the junction where he thought that they might be. As if he'd see their small selves crouching there. We could go back, the boy said softly. It's not so far. It's not too late.

(The Road, 2006)

SALINGER, J.D.

p. 98 :

[...] I privately say to you, old friend (unto you, really, I'm afraid), please accept from me this unpretentious bouquet of very early-blooming parentheses: (((()))). I suppose, most unflorally, I trluy mean them to be taken, first off, as bowlegged - buckle-legged - omens of my state of mind and body at this writing.

(Seymour - An Introduction, 1981 [1963])

KUEHL, John

p. 62 :

The main characteristics of metafiction are the irrelevance of the individual author and the assumption that literature is collaborative/plagiaristic; the borrowing of characters from one's own and others' work; the fictionalization of the author, who appears in the "unreal"domain of the characters, and the actualization of the characters (often writers), who appear in the "real" domain of the author; the treatment of history as fictitious; the inclusion of unreliable documentation; the projection of linguistic heterocosms or substitute worlds; the tendency to unmask and defamiliarize dead conventions through parody; the employment of arbitrary beginning and multiple endings; the introduction of frames and tales-within-tales, leading to circularity and regressus in infinitum; and the focus on fiction as process rather than product.

(Alternate Worlds, 1989)

KUEHL, John

P. 289 :

Game-playing is central to this kind of fiction because the world is perceived as verbal rather than phenomenal.


(Alternate Worlds, 1989)