mercredi 4 avril 2012

RICOEUR, Paul

p. 201: Avec le témoignage s'ouvre un procès épistémologique qui part de la mémoire déclarée, passe par l'archive et les documents, et s'achève sur la preuve documentaire. [...] [À] l'intérieur même de la sphère historique, le témoignage n'achève pas sa course avec la constitution des archives, il resurgit en fin de parcours épistémologique au niveau de la représentation du passé par récit, artifices rhétoriques, mise en images. Bien plus, sous certaines formes contemporaines de dépositions suscitées par les atrocités de masse au xxe siècle il résiste non seulement à l'explication et à la représentation, mais même la mise en réserve archivale, au point de se tenir délibérément en marge de l'historiographie et de jeter un doute sur son intention véritative.

Note: L'histoire orale cherche-t-elle en quelque sorte à court-circuiter ce procès, en se concentrant sur la mémoire déclarée?


Paul Ricoeur. La mémoire, l'histoire, l'oubli. coll. Points - Essais, Éditions du Seuil, Paris, 2000, 689 p.

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