mercredi 20 novembre 2013

CERTEAU, Michel de. (1990) L’invention du quotidien. 1. Arts de faire. Collection Folio/essais, Paris : Gallimard.

p. 109: "L'optimisation technique du XIXe siècle, en puisant dans le trésor des "arts" et des "métiers", les modèles, prétextes ou contraintes de ses inventions mécaniques, ne laisse aux pratiques quotidiennes qu'un sol privé de moyens ou de produits propres; elle le constitue en région folklorique, ou bien en une terre deux fois silencieuse, sans discours verbal comme autrefois et désormais sans langage manouvrier. [...] Un "savoir" demeure là, à qui manque son appareil technique (on en a fait des machines) ou dont les manières de faire n'ont pas de légitimité au regard d'une rationalité productiviste (arts quotidiens de la cuisine, du nettoyage, de la couture, etc.). Par contre, ce reste laissé par la colonisation technologique acquiert valeur d'activité "privée", de charge d'investissements symboliques relatifs à la vie quotidienne, fonctionne sous le signe des particularités collectives ou individuelles, devient en somme la mémoire à la fois légendaire et active de ce qui se maintient en marge ou dans l'interstice des orthopraxies scientifiques ou culturelles."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire