Car en matière d'humanité père n'était pas chercheur, et déviait volontiers son penser de tout ce qui réclamait usage extraordinaire de casque. Ce n'était pas qu'il fût dépourvu d'éclairage. Seulement, il allait, semblable au poisson-chat: manœuvrant juste sous la surface des choses, comme si plonger en leur fondement risquait de l'engluer de limon. Son apparence elle-même évoquait quelque bête sous-marine: quoique charnu et râblé, père avait quelque chose de glissant et d'ondulant, une inexplicableté qui lui permettait d'aller parmi les choses sans se heurter à elles, les évitant plutôt, les contournant, s'y dérobant. [...] C'est que, pour piloter sa personne, père s'en remettait entièrement à son pied, qui en toutes circonstances lui servait pour ainsi dire d'œil. Et sa main, son blair, ses esgourdes unanimement lui étaient alors une manière de guide. Voilà pour son guidement au sein des lieux. (106)
Jean-François Beauchemin. Le Jour des corneilles. Éditions Les Allusifs, Montréal, 2004, 152 p.
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