lundi 3 mars 2014

Nathalie Sarraute. (1956) L’ère du soupçon. coll. « folio/essais », Paris : Gallimard, 151 p.

63: [I]l faut rendre au lecteur cette justice, qu’il ne se fait jamais bien longtemps tirer l’oreille pour suivre les auteurs sur des pistes nouvelles. Il n’a jamais vraiment rechigné devant l’effort. Quand il consentait à examiner avec une attention minutieuse chaque détail du costume du père Grandet et chaque objet de sa maison, à évaluer ses peupliers et ses arpents de vigne et à surveiller ses opérations de bourse, ce n’était pas par goût des réalités solides, ni par besoin de se blottir douillettement au sein d’un univers connu, aux contours rassurants. Il savait bien où l’on voulait le conduire. Et que ce n’était pas vers la facilité.

*Sarraute accorde une grande confiance au lecteur moderne en le plaçant d'office en posture de soupçon vis-à-vis de l'entreprise de représentation du roman. Pour citer un exemple un peu bête, la description détaillée d'une porte et de son cadre ne les rendent pas plus réels aux yeux du lecteur. Ce que Sarraute précise, c'est que ce dernier s'engage dans la lecture d'une telle description en toute connaissance de cause. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire